La gouvernance de la Chine – Introduction

La gouvernance de la Chine – Introduction

Le média collectif Anticonquista a réalisé une vidéo de discussion avec le Collectif Qiao autour du livre de Xi Jinping La gouvernance de la Chine. Voilà, en plusieurs parties, la transcription/traduction de leurs échanges, de quoi en apprendre autant sur la Chine que sur la vision du monde des militants anti-impérialistes des pays du Sud. Voici l'introduction. 
Source : Anticonquista - 27 novembre 2020

Ramiro : Salut tout le monde c’est Ramiro d’Anticonquista. Anticonquista est un media collectif anti-impérialiste dont le contenu est produit par et pour les diasporas caribéenne et latino-américaine.

Aujourd’hui nous parlons d’un sujet qui est tellement important que beaucoup de gens nous interpellent en disant « qu’est-ce qui se passe avec la Chine ?« , d’autres personnes d’ultra-gauche sont plutôt du genre « vous êtes horribles ! Comment osez-vous ? » et d’autres encore nous remercient de mettre un coup de projecteur sur la Chine.

Aujourd’hui nous discutons de la gouvernance de la Chine par Xi Jinping et de son livre. C’est un très beau livre et c’est un livre très important à étudier pour nous, en tant que socialistes et communistes.

La Chine est le plus grand pays du monde en ce qui concerne la population. Même du point de vue économique, c’est l’économie la plus puissante ou la deuxième plus puissante. Et le Parti Communiste de Chine (CPC) est la plus grande organisation politique, le plus grand parti communiste du monde. Il y a tellement à apprendre ! Que l’on supporte le CPC ou pas, nous nous devons de l’étudier, nous nous devons de comprendre le socialisme avec des caractéristiques chinoises.

Qiao Collective

Alors nous allons discuter avec notre camarade Dave du Collectif Qiao qui est un media collectif de la diaspora chinoise dont le but est de contrer la propagande agressive étatsunienne contre la République Populaire de Chine et de doter le mouvement anti-guerre étatsunien des outils et des analyses nécessaires pour mieux lutter contre l’alimentation d’un nouveau conflit du type guerre froide avec la Chine.

Comment ça va Dave ?

Dave : Salut ! Très enthousiaste à l’idée de discuter avec vous du socialisme avec des caractéristiques chinoises et surtout de ce que les anti-impérialistes de l’Ouest peuvent en retirer.

Ramiro : Oui tout-à-fait, c’est très important pour nous qui sommes au cœur des pays impérialistes d’étudier la Chine et de faire preuve de respect. Parce que l’une des choses qui m’énervent en tant que personne issue d’un pays du Sud, et je suis sûr que c’est pareil pour toi, en tant que révolutionnaire du Sud, en tant que communiste, anti-impérialiste, c’est quand des occidentaux de gauche prétendent tout savoir, prétendent comprendre le monde, sans avoir jamais lu un traitre mot de Xi ou de tout ce que le CPC a publié, et rejettent automatiquement le socialisme avec des caractéristiques chinoises.

Alors maintenant c’est le moment d’apprendre. Mao Zedong disait lui-même « pas d’enquêtes, pas le droit à la parole« . C’est exactement ce que nous voulons approfondir aujourd’hui en étudiant ce travail important de Xi : La gouvernance de la Chine et le socialisme avec des caractéristiques chinoises. C’est de cela que nous allons parler avec Dave.

Avant de lire des extraits du livre, j’aimerais vous donner quelques éléments de contexte du livre en lui-même : La gouvernance de la Chine est une collection en trois volumes de discours et d’écrits de Xi qui est le Secrétaire Général du CPC. Dans ce livre, Xi explique le socialisme avec des caractéristiques chinoises et sa vision pour une Chine forte, unie et prospère. La gouvernance de la Chine se compose de 270 textes organisées en 54 chapitres thématiques. Xi y parle de tout : l’économie, la politique, la société, les structures des relations internationales, l’environnement, l’écologie, la coexistence pacifique, l’armée… Donc si vous voulez vraiment comprendre l’idéologie révolutionnaire du CPC et de Xi Jinping, c’est exactement le livre qu’il faut lire.

Quelques éléments sur Xi Jinping lui-même. C’est le fils d’un chinois communiste, vétéran de la lutte pour la libération contre l’impérialisme japonais. Il a travaillé dans un conté rural. Adolescent pendant la Révolution Culturelle, il vivait dans un village où il a rejoint le CPC et a travaillé en tant que secrétaire de parti. Après avoir étudié le génie chimique à l’université de Tsinghua, il est devenu de plus en plus actif avec le CPC dans les provinces côtières. Il a été gouverneur de la province de Fujian de 1999 à 2002, ensuite il a été gouverneur et secrétaire de parti pour une autre province de 2002 à 2007. Puis il a rejoint le Comité Permanent du Politburo et sert en tant que premier secrétaire du secrétariat central en octobre 2007. En 2008 il a été élu vice-président de la République Populaire de Chine (RPC). En 2012, il a assumé le poste de secrétaire-général du CPC. Enfin, en 2013, il a été élu président de la RPC.

L’une de ses plus grandes réalisations, et pour moi l’un des plus beaux aspects du socialisme avec des caractéristiques chinoises, c’est le projet « une ceinture, une route » qui vise à apporter le développement, la coopération « gagnant-gagnant ». Pas l’impérialisme, pas des pièges mortels, comme les occidentaux trotskistes gauchistes aiment à le prétendre. C’est amener la coopération au développement, le socialisme constructif aux pays du Sud. Voilà exactement de quoi nous allons discuter aujourd’hui.

Je vais juste vous présenter les extraits que nous allons lire plus tard :

  1. Le « rêve chinois » est le rêve du peuple
  2. Prendre des mesures ciblées contre la pauvreté
  3. Promouvoir la règle de droit socialiste
  4. Promouvoir la réforme structurelle du côté de l’offre
  5. Le développement vert et le mode de vie écologique

Dave, avant que nous commencions pourrais-tu nous donner un aperçu de l’histoire de la Chine depuis les guerres de l’opium jusqu’à aujourd’hui ? Je sais que ça fait beaucoup à condenser mais je pense qu’il est important que nous ayons une bonne idée du contexte pour comprendre d’où vient ce livre, d’où vient Xi parce que la Chine a beaucoup souffert sous la botte impérialiste, une longue histoire que peu de gens connaissent.

Dave : Par rapport au contexte, le point de vue des dirigeants du CPC c’est qu’ils œuvrent à la régénérescence de la nation chinoise parce qu’il faut savoir qu’avant d’être colonisée, historiquement, la Chine était l’une des civilisations les plus prospères et les plus sophistiquées du monde. Et c’est l’impérialisme occidental qui l’a humiliée. Avec les guerres de l’opium, une grande partie de la population est devenue opiomane ce qui a permis aux britanniques de la forcer à ouvrir le commerce. Puis elle a été occupée par différentes nations européennes, les mêmes qui dirigent l’agression occidentale contre elle actuellement : les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et quelques autres. Et quand la Chine a perdu ses guerres que ce soit contre des puissances occidentales mais aussi contre le Japon, les indemnités qu’on lui a demandées représentaient trois à cinq ans de revenu de l’État. Donc il lui a été impossible de se moderniser d’autant plus que ses richesses étaient exploitées pour que le Japon et l’Ouest se modernisent, eux.

Pendant ce siècle d’humiliation, le 19ème siècle, le peuple chinois a activement lutté contre l’impérialisme. Et pour cela, ils ont essayé plein de méthodes différentes. Il y a eu par exemple des périodes de démocraties bourgeoises. Mais c’est vraiment le communisme, le marxisme-léninisme avec la pensée de Mao Zedong qui ont permis au peuple chinois de se relever et de chasser les impérialistes.

Alors oui, ils voient que des erreurs ont été commises, comme de vouloir rester fermé au monde extérieur et de ne pas réellement accepter le progrès technologique.

Et donc, à travers le marxisme-léninisme à la Mao Zedong et ses évolutions à travers le temps, le CPC guide le peuple chinois pour redevenir une nation prospère et forte de l’ère moderne.

Ramiro : C’est une telle source d’inspiration pour les gens des pays du Sud comme moi dont la famille vient du Honduras, l’un des pays les plus pauvres d’Amérique Latine et d’Occident. Le Honduras est actuellement géré comme un pays capitaliste de marché libre, tout est privatisé, la présence de l’État est minimaliste. C’est ce système qui détruit nos pays du Sud du « Tiers Monde ».

Alors la Chine est l’exemple de comment, avec un parti structuré et discipliné qui sert le peuple, qui est guidé par le fait de servir les masses et développer le pays, sortir les gens de la pauvreté, on peut créer de la prospérité pour les peuples du monde entier.

Xi en parle dans son livre, il dit que « ce n’est pas un manuel à copier-coller pour les autres peuples, c’est ce qui a marché en Chine et nous avons réussi à être souples quand il le fallait pour s’ajuster aux conditions locales. » Et donc c’est juste ridicule quand des gens disent « la Chine essaie d’étendre son influence sur le monde et d’imposer son modèle« . Non, ils le disent très clairement « c’est ce qui marche pour la Chine » mais chaque pays a son propre processus. Par exemple au Nicaragua, ils étaient marxistes-léninistes au départ puis ils ont ajouté des idées de Sandino. Au Vénézuela, les chavistes mélangent des idées marxistes-léninistes, à celles de Mao mais aussi de Chavez. Il faut toujours s’adapter aux conditions locales. Xi l’explique très bien.

Lire la suite : La gouvernance de la Chine – Le « rêve chinois »